Je traverserai le miroir
Pour voir si la vie éternelle
S’habille en noir ou vert-pommier;
A l’heure où enroulé le loir,
Rêve d’eau de vie de prunelle
Sous le bois craquant du sommier...
Quand Pierrot tire sur sa flûte
L’air de l’orphelin du brouillard
Qui voudrait regagner la rive;
Méprisant les cris, les insultes,
Baignant la salle du billard
Sur fond de sang et de salive.
Je prendrai un fagot de bois sec
Cueilli près de la cathédrale,
Cherchant, des fois qu’il soit trop tard,
Du scotch pour qu’on lui cloue le bec
A ce zicos dans son dédale,
Fumant de drôles de pétards!
Et s’il faut traverser le bouge
D’une rombière aux traits tirés,
J’aviserai par la serrure
Que les spotlights soient bien au rouge
Et que les clients soient virés...
La vioc d’une voix qui susurre,
Navrée qu’au milieu de la nuit,
Un noctambule la dérange,
Me rencardera au matin.
Seul au monde devant son huis,
Je sourirai en faisant l’ange,
Ignorant qu’elle soit catin...
Et suivrai le cours du grand fleuve
Vers l’océan aux remous noirs...
De l’autre coté de la glace...
Même s’il se peut qu’il y pleuve...
N’importe quand même le soir,
Ou bien le soleil à la place.
Le lendemain les yeux cernés,
Je reviendrai à la cahute
Lui vanter les électrochocs
Et le bonheur d’être interné;
Pierrot ressortira sa flûte,
Alors je baisserai mon froc...
En espérant que notre vieille
Puisse encore un petit peu jouir!
Moyennant la modeste somme
En figurines de Corneille...
Peut-être verrai-je reluire
L’iris de la bête de somme?