Soeur du silence et du bruit,
Qui dessine pour la danse
Des souliers cette cadence
Et la savante harmonie...
Comme pauvres sont mes stances!
Car l’Amour que tu instruis,
A bien plus de consistance!
Jamais le pouvoir des mots,
Aussi riche soit la rime,
Ne sait creuser tel abîme
Pour qu’y sombrent tous nos maux.
T’arrêter quel odieux crime!
Laisse-moi, fortissimo,
Huer ceux-là qui te briment!
Musique! d’un ingénu
Que tu transformes en prophète,
Annonçant les jours de fête
Où chacun se met à nu;
Avec toi toute défaite,
Que ton bon souffle atténue,
De la rancoeur est soustraite.
Ta grandeur déçoit parfois
Puritains et pudibonds,
Quand tes rythmes sont si bons
Que, t’écoutant, seul le choix
De nous étreindre est le bon...
Mais jamais les rabat-joie
En ce ce monde n’ont raison.
Amie du fou et du sage,
Apprends donc à dire nous.
Délivre toujours, dénoue
Les liens tors fermant les cages
De ceux qui, mis à genoux,
Voudraient juste un éclairage
Sur l’Amour pour qu’il renoue…
Dans une petite boîte,
Un mouvement de spirale,
Peut souffler à l'encéphale
La dernière ligne droite,
Vers la chanson idéale,
Pour ce rêve qu’il convoite
D’une harmonie maximale.
Montre nous la voie Musique!
Réduis toujours cette haine
Des arrogants qui malmènent
L’Espoir à des fins iniques;
Fais de nos heures trop brèves
Un rien de magnifique
A mesure qu’on en rêve!